jeudi 4 décembre 2008

04/12/2008
Elections prud'homales 2008 :
une abstention record qui pose des questions pour l'avenir
Face à la très faible participation au scrutin prud’homal du 4 décembre, la CFDT considère que l’avenir est dans les élections de proximité.
L’élection prud’homale a montré ses limites. À peine un salarié sur quatre (25,5 %) a voté, alors même que les modalités de vote par correspondance avaient été assouplies pour enrayer la hausse inexorable de l’abstention. Peine perdue : passée de 63 % en 1979, date de création du scrutin, à 32,61 % en 2002, date à laquelle elle avait semblé marquer un palier par rapport à 1997, la participation chute fortement en 2008 de plus de 8 points. Un désaveu pour le ministre du Travail, qui avait fait de l’accroissement de la participation un objectif prioritaire. La faible participation, analysait François Chérèque dès 2002, dans son édito du numéro spécial de Syndicalisme Hebdo consacré aux résultats de l’élection prud’homale, « ne remet pas en cause la légitimité de l’institution prud’homale, mais il est évident que cette élection ne peut servir plus longtemps de test de représentativité ». L’élection de 2008 le prouve.

Pour la CFDT, les résultats sont décevants : avec environ 22% des voix, l’organisation enregistre un recul sensible. La tendance est générale sur l’ensemble du territoire et des sections, même si les résultats sont plus ou moins contrastés. À cela plusieurs explications : un contexte global défavorable, une mécanique qui réduit la part de chacun en multipliant les listes, un scrutin en désaffection... Analysant les résultats, dans la nuit du 3 au 4 décembre, Pascal Perrineau, directeur du Centre de recherches politiques à Sciences-Po (Cevipof), évoquait ainsi « l’effet de crise » qui favorise la radicalité, et « l’émiettement » de la participation comme de l’audience des grandes confédérations du fait d’un nombre de listes plus important. « Toutes les grandes confédérations baissent en nombre de voix », a relevé François Chérèque le 4 décembre.

Le Syndicalisme CFDT, c'est la proximiré dans l'entreprise
Pour autant, le secrétaire général de la CFDT n’a pas cherché à éluder le résultat : « Je suis déçu, mais j'assume le résultat des élections. » Il voit dans ces résultats la confirmation de ce que la CFDT défend et qu’elle a traduit dans la position commune : « C'est dans l'entreprise que l'élection positive doit se faire, et c'est là que se déplacent les salariés, donc le type de scrutin doit évoluer, mais je crois que tout le monde est d'accord sur ce point. »

Pour l’organisation, c’est donc avant tout la confirmation de la stratégie dans laquelle elle s’est engagée avec la position commune, a analysé François Chérèque : « Le syndicalisme de la CFDT est un syndicalisme de proximité qui se réalise dans les entreprises, ce qui valide la décision de la loi de faire que la vraie représentativité soit dans les entreprises. D'ailleurs, dans les résultats des élections d'entreprises, on fait jeu égal avec la CGT. » Une façon de rappeler que, si le résultat de ce scrutin prud’homal est décevant pour tous, surtout au regard de l’énergie et de la dynamique mises en œuvre au cours de la campagne, il n’est pas question de baisser les bras. Le véritable combat commence aujourd’hui, avec l’entrée en vigueur des nouvelles règles de représentativité. Les récents résultats aux élections professionnelles, chez Michelin Clermont-Ferrand ou à DHL, montrent que la CFDT sait répondre aux préoccupations quotidiennes des salariés. Dès à présent et plus que jamais, des pratiques syndicales mêlant proximité, pédagogie et dynamisme seront le cœur d’activité des militants CFDT. François Chérèque l’a dit : « J'ai confiance dans les militants de la CFDT qui, dans les entreprises, ont la confiance des salariés. »

Aurélie Seigne



Le vote électronique n’a pas fait ses preuves
76 462 électeurs parisiens ont opté pour le vote électronique, sur un collège électoral de 1,3 million. Ce mode de scrutin, expérimenté pour la première fois sur Paris intra-muros en vue de résorber l’abstention, n’a pas fait ses preuves. Le taux de participation, à Paris, s’établit en effet à 17,53%, soit 8 points de moins que la moyenne nationale et 5 de moins qu’en 2002 ! Autant dire que l’objectif n’a pas été atteint.

Plus précisément, le vote électronique semble s’être substitué à d’autres modes, puisqu’il représente tout de même, selon les sections, un cinquième à un tiers des suffrages exprimés et même 43% dans l’encadrement. En d’autres termes : ce sont toujours les mêmes qui votent.